Cœur de l'Est
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L'Irezumi, un art ancestral[]

On raconte que la pratique de l’irezumi remonte bien avant la fondation de l’Empire Solaire ; pour cause, l’idée de laisser une empreinte indélébile dans le corps d’un homme afin de témoigner d’un événement, une appartenance, une faute ou une croyance est aussi vieille que le monde. D’aucun dirait que cette pratique, à l’origine profane, a pris au fil du temps une signification religieuse. C’est ainsi que la pratique de l’irezumi fut longtemps réservée aux prêtres, ou à quelques rares aristocrates initiés à cette pratique ô combien mystique. L’acte, ainsi pratiquée lors de mariages, d’enterrements ou de rites de « passage » fut également repris par plusieurs clans et groupes qui, au mépris de la doxa, se couvrirent de marques.

Acte de dévotion suprême dans une société enivrée de piété, l’Irezumi se révéla également comme étant une forme de punition : le bokkukei. Ainsi, les états qui se succédèrent à Oshaï pratiquèrent presque tous la scarification punitive. Selon la gravité de l’acte, le supplicié pouvait recevoir une simple marque dans la paume de la main, jusqu’à avoir le dos entièrement recouvert, voire parfois le visage ou les mains.

Au cours des derniers siècles, la pratique de l’irezumi fut réouverte aux profanes et retrouva ainsi son caractère esthétique premier. Les artistes-tatoueurs, les horishi, se multiplièrent, provoquant alors un schisme entre le tatouage cultuel et le tatouage esthétique. Encore aujourd’hui, les deux pratiques – ainsi que le bokkukei – sont encore pratiqués et bien acceptés au sein des sociétés d’Oshaï. Toutefois, il demeure important de différencier ces différentes pratiques, aux buts et aux symboliques différentes. Là où l’esthétique n’a pas de limites dans ses représentations et dans les parties du corps tatouées, le religieux ne vise que les parties du corps « personnelles » : le torse, les cuisses et le dos. Néanmoins, il n’est pas rare d’avoir une alliance de ces symboliques religieuses et esthétiques, particulièrement chez les aristocrates ou les artistes eux-même.

Bien que la pratique soit banalisée, le coût de l’irezumi varie énormément, la qualité s’en trouvant généralement affectée. Les artisans qui le pratiquent appartiennent presque tous à l’Ôjoshaku, bien que quelques uns demeurent des prêtres, appartenant au Ninshaku. L’irezumi est couramment pratiqué à l’aide d’aiguilles et d’un petit marteau en bois, afin de perforer l’épiderme et d’y déposer l’encre, il existe cependant d’autres manières de faire selon les régions et les clans, certains possédant leurs propres motifs et symboliques.

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